Guy M’Bengue: « Il faut que les entreprises aient un produit exportable et un environnement propice. »

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  • Date: mar. 0
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Exportation des produits ivoiriens, défis du commerce international, AGOA… Guy M’Bengue, le directeur général de l’Agence de promotion des exportations en Côte d’Ivoire (Apex-CI) apporte son éclairage d’expert sur ces questions clés.

CIE (Côte d’Ivoire Economie): A sa création en 1998, l’Apex-CI s’est donnée pour mission de favoriser la croissance soutenue des exportations ivoiriennes. Où en est-elle aujourd’hui par rapport à la crise qui a affecté le secteur privé dans son ensemble ?

G.M’B. : l’Apex-CI a survécu malgré la crise et se porte bien. En tant qu’organisme de promotion des exportations, nous avons pu accumuler une somme d’expériences et de leçons qui ont renforcé notre capacité institutionnelle et notre expertise dans le renforcement des capacités des entreprises, qui est du reste notre métier de base. Il faut se rappeler qu’en 2005, date de l’arrêt des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, l’Etat ivoirien a comblé le manque de ressources pour le financement de nos programmes depuis cette période à ce jour.  Il faut rendre un  hommage appuyé à ceux qui ont œuvré au maintien de cette structure d’appui au secteur privé. A cet effet, nous avons signé une convention de partenariat avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour la période 2005-2007, renouvelée pour 2007-2010.  Ce qui confirme que l’Apex-CI est perçue comme un véritable instrument de promotion commerciale qui sert à la fois le secteur privé et l’Etat, par des mandats qui nous sont confiés.

Donc, nous avons acquis une notoriété ainsi qu’une crédibilité auprès des autorités ivoiriennes ainsi qu’auprès de nombreux partenaires au développement tels que la Banque mondiale, l’Union européenne, le Centre du commerce international de Genève, la Commission économique pour l’Afrique de l’Union européenne, la BAD, la Cedeao, l’Uemoa, la Francophonie, et le Secrétariat exécutif du Nepad.  Ces qualités nous ont permis d’être choisis comme agence d’exécution du Projet d’appui et de revitalisation et à la gouvernance des PME (PARE/PME), financé par la Banque mondiale.

Il faut rappeler qu’au plus fort de la crise (1999-2004), nous avions réalisé des performances au niveau des appuis et conseils, notamment dans le cadre du mécanisme des fonds à couts partagés (« grant matching funds »). l’Apex-CI a apporté un appui financier et technique à 345 entreprises tous secteurs confondus pour une valeur équivalente à 4,6 milliards de francs CFA. Les secteurs  concernés ont été l’agroalimentaire (10%), la production agricole (11%), l’industrie chimique (10%), l’industrie textile- confection (9%).

Au niveau de l’Etat, nous avons apporté également notre expertise et notre appui sur les questions d’accès aux marchés et spécifiquement auprès des milieux d’affaires américains, d’organismes ou de gouvernements. Nous avons assuré le leadership dans le cadre des actions de lobbying pour l’éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) en avril 2002 (loi américaine sur la croissance et les opportunités en Afrique). De même que notre action a été déterminante pour l’éligibilité à l’AGOA, obtenue en avril 2002, nous avons été très impliqués dans le processus d’obtention du visa douanier en 2004 en vue de bénéficier des dispositions préférentielles pour l’accès des produits textiles et articles de confection sans droits de douane et de quota sur le marché américain.  Ce qui constitue un levier très important pour les entreprises ivoiriennes  du secteur textile et confection.

C’est dans le cadre du traitement du dossier AGOA en 2004 que nous avons sensibilisé le gouvernement ivoirien sur la problématique du travail des enfants dans la cacao-culture qui constituait un point de blocage pour l’accès au marché américain. Nous avons appuyé le gouvernement et la filière café-cacao pour minimiser le risque que pouvait représenter les dispositions du protocole Harkin et Engel (deux membres du Congrès américain avaient fait prendre des dispositions pour que les pays producteurs africains de cacao puissent produire sans utilisation des pires formes de travail des enfants dans la cacaoculture). Grâce à notre contribution aux actions du gouvernement, nous avons pu repousser le délai qui était imparti à fin juillet 2005, et obtenir une extension jusqu'à juillet 2008 pour asseoir une politique nationale de suivi du travail des enfants.

D’autres actions non moins importantes ont été entreprises par nos soins, notamment lorsque l’Apex-CI a été mandaté par l’Etat de Cote d’Ivoire en tant que facilitateur pour régler définitivement le conflit, vieux de cinq ans, qui opposait les principaux actionnaires américains de Cora de Comstar a l’Etat de Côte d’Ivoire.

Nous pouvons ajouter à la liste des success-stories l’acquisition de nombreuses cartes et franchises en matière de facilitation et de diffusion d’informations commerciales dans le cadre des programmes commerciaux d’organisations régionales ou internationales telles que la Cedeao, la Francophonie, l’Union européenne, le Centre du commerce international et la Cnuced.  Tout cet immense  travail s’est fait avec une équipe dédiée et professionnelle, qui a démontré son savoir-faire et son expertise dans un contexte quelquefois hostile ou défavorable, ce qui nous a permis d’obtenir des acquis très importants.  D’abord, notre grande capacité d’écoute des préoccupations des entreprises ivoiriennes à la recherche de marchés,  le renforcement du partenariat secteur public-secteur privé a travers des mandats qui nous sont nous confiés dans le cadre de la problématique du commerce international, et ensuite nos performances qui en disent long sur le chemin que nous avons parcouru à ce jour. 

CIE : Peut-on avoir une idée des chiffres des exportations  ivoiriennes au cours de ces dernières années ?

G.M’B. : Au cours des trois dernières années (2007-2009), le  commerce global de la Côte d’Ivoire, qui se chiffrait en 2007 à 7 680 milliards de francs CFA, a baissé à 4 395 milliards puis a de nouveau augmenté à 4 840 milliards en 2009.

Au niveau des importations, le niveau de 6 388 milliards de francs CFA en 2007 a décru pour atteindre 3 519 milliards en 2008, puis a continué sa baisse pour se retrouver à 3 274 milliards en 2009. Durant ces trois dernières années, les performances au niveau des exportations ont permis de dégager un excédent commercial qui a oscillé entre 900 et 1 500 milliards de francs CFA.

 

CIE : Quels sont alors les grands défis du commerce extérieur pour la Côte d’Ivoire ?

Pour nous qui sommes sur le terrain et en contact permanent avec les operateurs économiques et le monde extérieur, les grands défis du commerce extérieur de la Côte d’Ivoire peuvent être facilement identifiés en raison de notre profil et de notre place dans le système du commerce multilatéral, qui représente 0,04% du commerce mondial.  Nous sommes amenés à nous poser la question de savoir quelle est stratégie nationale d’exportation ? Elle devrait résoudre les problèmes suivants : diversification  des produits et marchés, transformation des produits de base et matières premières, amélioration du dispositif d’appui à l’exportation, meilleure articulation entre promotion des investissements et promotion des exportations, et enfin branding  de la Côte d’Ivoire.

Pour revenir sur les performances de la Côte d’Ivoire, lorsque vous analysez les données statistiques commerciales entre notre pays et les différents partenaires commerciaux, l’on constate une prépondérance des relations commerciales et économiques avec l’Europe (52% en matière d’exportations, et 58% en matière d’importations). A contrario, le niveau du commerce inter-régional dans l’espace de l’Uemoa est très faible (10%). Tout ceci nous indique qu’il faut prendre conscience des enjeux à venir. Tout d’abord la nécessité d’accroître le commerce sous-régional (Uemoa, Cedeao) et intra-régional (Cemac), et par ricochet examiner les voies et les moyens pour élaborer et mettre en œuvre une stratégie d’intégration économique et commerciale en nous appuyant principalement sur nos atouts que sont la qualité et l’offre produits.

En clair, l’intégration économique et commerciale constitue l’un des piliers du programme du Nepad sans lequel nos différentes économies ne pourront soutenir le développement durable. C’est ce qui nous a poussé à créer le Nepad Business Group-Côte d’Ivoire, qui est une coalition du secteur privé, du secteur public et de la société civile dans l’esprit et la vision du Nepad. A ce titre, le Nepad Business Group-Côte d’Ivoire avait organisé une conférence internationale des affaires sur les enjeux de l’intégration dans la sous-région en fustigeant les nombreuses barrières économiques, commerciales, et culturelles qui entravaient le développement des échanges et investissements dans la sous-région, constituée de plus de 230 millions de consommateurs. Et il ne faut pas occulter les autres marchés tels que celui du Maghreb ou du Proche-Orient, qui peuvent représenter d’importantes niches.

Ensuite, il faut interroger la capacité d’adaptation de nos économies face aux mutations économiques et commerciales profondes qui s’opèrent dans le monde, et particulièrement en Europe, qui sont en cours avec l’avènement de l’Accord de partenariat économique Union européenne – Afrique Caraïbes – Pacifique. Quelles sont les capacités dont disposent nos entreprises exportatrices pour maintenir leurs parts de marché  en raison de l’émergence d’obstacles non tarifaires tels que les directives en vigueur en matière de qualité, de traçabilité, et de compétitivité des prix, devenant plus en plus des facteurs clés qui sont  des critères de choix sur les marchés internationaux. A cet effet, les  négociations qui ont abouti à un accord sur la banane, et celles qui sont en cours sur les accords de partenariat économique avec l’Union européenne démontrent à quel point les enjeux économiques et commerciaux pour la conquête des marchés des pays ACP sont considérables.

Il faut ajouter à cela les directives issues de l’Organisation mondiale du commerce qui posent les garde-fous pour une plus grande libéralisation du commerce multilatéral, très souvent au détriment des économies comme les nôtres. Sur le marché nord-américain, qui est constitué de plus de 350 millions de consommateurs, les initiatives canadienne et américaine (AGOA) constituent des leviers pour les pays africains bénéficiaires de ces accords préférentiels.  Depuis 2005, la non-éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’AGOA pénalise bon nombre d’entreprises désireuses d’exporter sur le marché américain, dont les dispositions préférentielles permettent aux douanes américaines de renoncer aux 18% de revenus de droits d’entrée (bien que la Côte d’Ivoire représente près de 85% du total du commerce entre les Etats-Unis et l’Uemoa). Il nous faut donc retrouver l’éligibilité de la Côte d’Ivoire pour non seulement permettre aux exportateurs éventuels de bénéficier des dispositions préférentielles, mais également au pays de bénéficier d’une série de programmes de renforcement de capacités, tant au niveau du secteur public que privé.

Sur les marchés sud-asiatiques, le Japon par exemple a entrepris une vaste politique d’accompagnement des entreprises africaines pour un meilleur accès à leur marché, et force est de constater que malgré nos efforts de sensibilisation et d’accompagnement, la plupart des entreprises ivoiriennes ne se sont pas manifestés ou du moins n’ont pas pris la pleine mesure de telles opportunités commerciales. Nos entreprises devraient être plus imaginatives et agressives. Le programme Ticad est un parfait exemple d’accompagnement et d’insertion des entreprises sur le marché japonais et, in extenso, asiatique.

Il y a aussi les enjeux liés à la recherche des ressources additionnelles pour résoudre la question de la pauvreté, et surtout aider à la création de richesse, notamment dans le cadre de l’accessibilité de la Côte d’Ivoire au programme du Millenium challenge corporation (MCC).  A cet effet, l’Apex-CI a entrepris depuis bientôt deux ans des actions de lobbying et de prise de contacts avec les principales agences d’évaluation des pays qui sollicitent leur adhésion au programme du MCC. Ce programme, financé par le Congrès américain sous forme de don, permet de réaliser des projets d’infrastructure (santé, éducation, routes, ports, etc.), de renforcement de capacités (accès au marché, formation professionnelle…) dans une enveloppe allant de 200 à 450 millions de dollars en fonction du potentiel pays.

Un autre enjeu de taille pour les entreprises ivoiriennes est celui de l’appropriation des nouvelles technologies d’information et de la communication dans la stratégie à l’export et dans la recherche des débouchés. Cette dimension se ressent de plus en plus à travers les « best practices » de sociétés ayant réussi.

D’autres enjeux portent sur la prise en compte par les opérateurs économiques ivoiriens, et en particulier des exportateurs, de nouvelles règles du jeu du commerce basées sur une réponse compétitive totale (meilleure quantité, meilleur prix, meilleur délais de livraison et meilleure flexibilité).

Sans oublier une prise de conscience de la responsabilité sociale de l’entreprise, à travers des démarches de qualité, de respect des normes sociales (le programme Global Compact dans lequel nous sommes engagés est un réseau d’affaires qui adressent les questions de droits de l’homme, normes de travail dans l’espace de l’entreprise, lutte contre la corruption, et protection de l’environnement).

Le renforcement des capacités des PME/PMI pour une meilleure intégration à la dure compétition des marchés internationaux fait aussi partie des grands axes à renforcer.  C’est l’objet de deux programmes fondamentaux que l’Apex-ci gère en ce moment, le PARE et le Pacir (Programme d’appui aux capacités pour l’intégration régionale) financée par le Centre du commerce international de Genève et l’Union européenne (Pro-Invest).

CIE : Les PME ivoiriennes ont du mal à se lancer dans l’exportation. Or leur accompagnement fait partie de vos missions. Où en êtes-vous avec ce volet important ? Le message passe-t-il auprès de vos interlocuteurs ?

G.M’B. : Votre question telle que posée voudrait dire que l’Apex-CI n’a pas joué son rôle depuis sa création, alors que nous venons de vous exposer les performances que nous avons réalisées depuis 1999.  Il faut remarquer que pour pouvoir mieux exporter, il faut que l’environnement dans lequel vous opérez soit propice à la promotion des exportations et que les entreprises aient un produit exportable. C’est ce que nous avons fait avec un programme dénommé Fonds d’appui à l’amélioration de l’environnement (Famex). De 1999 à 2005, ce programme a permis aux différentes filières porteuses du point de vue de l’exportation des produits de mieux cerner les contours. Mais examinons ensemble les trois catégories d’entreprises dans cette optique que nous venons de décrire.

Il ya une première catégorie qui est représentée par des entreprises « ready to export », c'est-à-dire des entreprises qui ont la capacité pour exporter, qui connaissent les règles du jeu, et qui compte tenu des enjeux cités plus haut s’efforcent de maintenir leur part de marché ou sinon l’accroître. Celles-ci ont besoin de peu de conseils et d’appuis. Elles ont besoin d’un accompagnement ou d’une assistance pour des questions plus importantes.

Il y a un deuxième groupe, celui que nous appuyons le plus, ce sont celles qui ont un fort potentiel a l’export, mais toujours est-il qu’il faut le fructifier ! Ces entreprises ont des produits ou une gamme de produits qui ont besoin d’être « relookées » ou qui ont besoin d’avoir un marketing mix plus adapte aux différents marchés.

Il y a un troisième groupe qui est constitué d’entreprises qui s’essaient à l’activité export, et qui ont visiblement besoin des fondamentaux du « doing business a l’export ». Cette catégorie, dans le cadre de notre politique de renforcement des capacités est une de nos priorités, car la population d’entreprises qui sont dans ce cas est telle que l’Apex-CI a conçu une base de consultants nationaux et internationaux, qui travaillent avec ces entreprises pour en tirer des « champions » afin qu’ils deviennent des exemples pour les autres.  L’exportation est un métier comme les autres, avec ses règles, et ces dernières années, pour pallier ce genre de défaillances, nous avons initié des actions de promotion au niveau de la culture d’exportation auprès des jeunes diplômés d’écoles de commerce, des universités et des dirigeants d’entreprise pour constituer un vivier de ressources humaines et de futurs managers en commerce international. Comme vous le constatez, les niveaux d’intervention de l’Apex-CI varient en fonction de la qualité de l’exportateur avec qui vous traitez. Cette différentiation est nécessaire pour mieux cibler nos appuis.

CIE : L’Apex-CI met aussi un point d’honneur sur le renforcement des capacités. Quelles retombées doivent concrètement en attendre les entreprises exportatrices ?

G.M’B. : Effectivement, tout ce que l’Apex-CI entreprend fait partie d’un ensemble d’actions qui concourent au renforcement des capacités des exportateurs ivoiriens, mais aujourd’hui, en raison des succès que nous avons enregistrés depuis ces dernières années malgré la crise, nous avons étendu notre champ d’actions au développement du secteur privé. Et c’est pourquoi dans nos projets à venir, nous sommes impliqués à fonds dans la mise en œuvre d’un programme d’urgence de la Banque mondiale en faveur des PME. Les retombées sont nombreuses. D’abord au niveau de leurs capacités à anticiper sur l’avenir, ensuite sur leur aptitude à aller sur les marchés extérieurs, fussent-ils lointains, et cette expertise, nous l’avons éprouvée lors de nos multiples missions commerciales ou de prospection. Puis enfin, dans la démarche qualité, où il faut aujourd’hui présenter des produits « vendables ».

CIE : Quels sont vos projets actuels dans le cadre de la sortie de crise, notamment dans l’état actuel de l’environnement des exportations en Côte d’Ivoire ?

G.M’B. : Nous avons acquis beaucoup d’expériences sur le terrain et connaissons bien les préoccupations des entreprises ivoiriennes avec qui nous travaillons. L’Apex-CI fait partie d’une plate-forme de compétences et d’expertises composée du Nepad Business Group-Côte d’Ivoire et du Réseau global Compact-Côte d’Ivoire. 

Dans nos projets à venir, nous sommes heureux de vous annoncer que l’Apex-CI a été sélectionnée par la Banque mondiale et l’Etat de Côte d’Ivoire comme l’agence d’exécution du programme d’appui à la revitalisation et à la gouvernance des petites et moyennes entreprises (Pare/Pme). C’est un programme-pilote d’urgence multi-partenaires d’un montant de 15 millions de dollars américains dont nous avons la coordination. Il a quatre grandes composantes et des sous-composantes variées tels le renforcement des capacités des PME ; le fonds d’appui au renforcement des entreprises ; l’appui à l’amélioration de l’environnement des affaires ; la fluidité routière ; l’appui institutionnel et la coordination globale du projet, etc.

Le lancement officiel de ce programme est prévu pour le mercredi 21 juillet 2010. Nous présenterons le programme de revitalisation et de gouvernance des PME avec les différents partenaires issus du secteur public comme du secteur privé, ainsi que de la société civile, en présence des autorités administratives, des responsables des groupements de PME, des associations et organisations professionnelles et des médias.

 

Article extrait de : Côte d'Ivoire Economie



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