M. Michel ZA BI
Cadre Marketing à la British American Tobacco,
West Africa Zone
(michel_gohi@bat.com)
1- Pouvez-vous vous présenter aux educanautes ?

Je voudrai, d'entrée, rendre un hommage appuyé à Educarriere pour le remarquable travail de promotion de l'emploi qu'il fait pour la jeunesse africaine en général, et ivoirienne en particulier.

Qui suis-je ?
Je suis Michel ZA BI, Cadre Marketing à la British American Tobacco, West Africa Zone. Je suis Ivoirien, marié et âgé de 32 ans.


2- Parlez nous de votre cursus.

Je suis un pur produit du système éducatif ivoirien. Après l'obtention du BAC A1 en 1996 au Lycée 3 de Daloa, j'ai été orienté au Département d'Anglais de l'Université d'Abidjan- Cocody où j'ai tour à tour décroché une Licence (2000) et une Maîtrise d'Anglais (2001).

Parallèlement à ma formation en Langue, je me suis aussi inscrit au Département de Communication de l'Université de Cocody, plus connu sous l'appellation « CERCOM », pour préparer une Licence puis une Maîtrise en Communication, option Marketing Publicité.

En 2003, je décide d'aller approfondir mes connaissances en Marketing au Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion (CESAG), à Dakar. En Août 2004, je retourne en Côte d'Ivoire, le DESS Marketing et Stratégie en poche.

La transition entre la fin de mes Etudes et mon entrée dans le monde professionnel dure une semaine.

  • Août 2004 – Octobre 2004 : Stagiaire à la SIFCA dans son entité de Commercialisation de riz (UNIRIZ)
  • Novembre 2004 – Mars 2006 : Responsable Clientèle de MediaData CI , un cabinet d'Etudes avec un positionnement unique, spécialisé dans les Etudes Media-Marketing . Premier contrat professionnel.
  • Avril 2006 – Octobre 2007 : Responsable Commercial puis Chef de Département Commercial et Marketing du Groupe Chaka en Côte d'Ivoire (Call Me CI & Chaka Card System).

Et depuis décembre 2007, suite à un process de recrutement particulièrement long et stressant, j'ai rejoint la British American Tobacco, n°2 mondial de l'Industrie du Tabac, en tant que Market Development Manager. Je suis basé à Dakar et m'occupe de quatre marchés : le Ghana, le Liberia, la Sierra Leone et la Gambie.


3- Fréquentiez vous une association ? Si oui, quels bénéfices en tirez vous ?

Mes occupations professionnelles ne me permettent pas malheureusement d'avoir une vie associative active. Toutefois, je puis dire que pendant mes études, j'ai chaque fois occupé des fonctions importantes (Président du Comité d'Organisation des Journées Promotionnelles de la Communication de l'Association des Etudiants en Sciences et Techniques de la Communication, ADESTCOM, puis à Dakar, Secrétaire à l'Organisation de l'ASEMA, Association des Stagiaires Managers du CESAG) qui m'ont permis de développer certaines qualités dont le Leadership, l'Ouverture d'esprit, le Travail en équipe.

Ma relative jeune carrière ne m'a pas empêché d'occuper avec beaucoup de responsabilité des postes où j'étais amené à encadrer des équipes. Un Manager qui ne comprend pas que la contradiction est au cœur de la dynamique sociale ne saurait prospérer. Je pense humblement que les Associations permettent d'avoir une telle vision des choses.


4- Comment s'est effectuée votre insertion professionnelle ?

Je puis dire que c'est en étant méthodique, rigoureux, tenace, confiant et humble que l'on peut se faire une place au soleil. Dans mon cas, peu avant la fin de ma formation au DESS Marketing et Stratégie, j'ai adressé des demandes de stage à plusieurs entreprises. Deux d'entre elles m'ont contacté dès la mi juillet 2004 pour solliciter un entretien. Et c'est après ces entretiens que j'ai été retenu pour mon stage à la SIFCA.

Puis, ayant gardé le contact avec la seconde, j'ai été rappelé trois mois plus tard pour mon tout premier Contrat à Durée Indéterminée. Je voudrai quand même indiquer que le stage à la SIFCA a été particulièrement enrichissant pour moi. J'ai humblement ôté mon costume de Diplômé 3è Cycle dans une Ecole prestigieuse (CESAG), reconnue pour la qualité de ses enseignements, pour un stage terrain, en saison pluvieuse, qui m'a conduit dans tous les marchés d'Abidjan, grands comme petits, sans exception. Le but étant d'aller à la rencontre des partenaires clés du business pour comprendre leurs problématiques : les consommateurs et tous les acteurs du circuit de distribution.

Je pense que j'ai choisi de gravir les échelons progressivement, step by step , l'un après l'autre, et c'est une stratégie que je trouve payante. Aussi, les Jeunes Diplômés devraient éviter de ne viser que les multinationales, les grandes entreprises nationales. Parfois, c'est bien de commencer par les PME, où dans certaines, l'on vous fait comprendre que c'est avec les recettes faites par vous, les marchés que vous décrochez que vos salaires seront payés. C'est à ce prix que l'on se forge un mental de winner.


5- Existe-t-il des événements majeurs qui ont influencé votre carrière ?

Ma décision d'aller au CESAG, en novembre 2003, avec la certitude que mon séjour allait être infernal, du fait du manque de moyens de survie, est l'élément qui a définitivement boosté ma carrière, je dirai mon mental de winner . A Dakar, il me fallait souvent travailler 20Heures/24, pratiquement 7jours/7 pour avoir de quoi faire face à mes besoins existentiels. Parallèlement à mes cours, j'officiais en tant que Consultant en Etudes de marché pour certaines entreprises basées à Dakar. Entre autres missions effectuées, j'ai réalisé, à travers Océan Ogilvy Sénégal, une étude de marché (Blind Test) pour CHOCOSEN, une autre (Perception et Image) pour le CREMPF (Conseil Régional de l'Epargne et des Marchés Financiers).

Pour tout dire, l'âme de compétiteur que j'ai, s'est forgée à Dakar lors de mes études au CESAG. Et sans être un génie, ni un surdoué, je me sens aujourd'hui capable d'affronter tous les défis, qu'ils soient d'ordre professionnel ou social.


6- Quel est l'aspect de votre travail que vous préférez aujourd'hui ?

Sans hésiter, je dirai, le « freedom through responsibility ». En effet, vous ne verrez personne vous faire la police dans le cadre de l'exécution de vos tâches. On croit en votre professionnalisme et en votre capacité à travailler sous pression pour atteindre les objectifs qui sont les vôtres. Ici, on aime les Make things happen, en d'autres termes, des gens qui transforment les situations les plus incertaines, en réussite, en succès.

Je pourrai aussi ajouter la possibilité qui m'est donnée de travailler avec des personnes de tous les horizons, d'aller d'un pays à un autre, et rencontrer des personnes de cultures différentes. C'est enrichissant !


7- Un conseil aux candidats à l'insertion ou à la mobilité professionnelle qui souhaiteraient intégrer votre entreprise, ou votre secteur d'activité ?

La mobilité professionnelle est une expression de vitalité, de soif de défis. Elle est donc à encourager. Seulement, les choix devront reposer sur des raisons solides : nouveaux défis à relever, profil personnel à compléter (du Brand, Marketing des Marques au Trade Marketing, Distribution pour le cas des Hommes du Marketing par exemple), etc. Je n'encouragerai pas la course à l'argent, aux gros salaires. Il faut éviter les ascensions trop rapides, non maîtrisées, avec des contenus de postes vides, où l'on progresse sans rien apprendre. La chute est souvent triste, pitoyable.

Le secteur dans lequel nous évoluons est un secteur controversé et frappé de beaucoup de restrictions. Il y a d'une part les contraintes émanant des Autorités des Etats où nos marques sont vendues, et d'autre part les Restrictions contenues dans un document interne que nous appelons International Tobacco Product Marketing Standards qui en est à sa version 2. Ce document canalise un peu la pratique marketing pour les produits que nous commercialisons. De telles contraintes appellent à développer des idées marketing nouvelles, responsables, plus exigeantes, mais formatrices et passionnantes.


8- Les educanautes seraient curieux de savoir comment vous conciliez votre vie familiale à vos activités professionnelles.

Ma situation à ce niveau n'est point enviable. Mon épouse est à Abidjan, où elle travaille, et moi, je suis installé à Dakar, d'où je pars pour mes différentes missions. A vrai dire, la situation est difficile à vivre, mais heureusement, ma très adorable épouse fait montre d'une grande compréhension. Nous faisons l'effort de nous voir une fois par mois.

Les outils de communication que sont le téléphone, Internet, nous permettent quand même de garder un contact quasi permanent.


9- Parlez nous maintenant de vos moments de détente.

Je suis un passionné de football. J'aime bien le pratiquer. Mais, je n'arrive plus à satisfaire mes fans pour faute de temps.

Je rigole ! Je ressens aussi le même plaisir quand je suis des matches de foot à la télé. Avec les championnats européens qui commencent, la Champions league africaine et européenne, je suis parti pour me régaler.

Je suis aussi un gros consommateur de Musique. Celle faite par Alpha Blondy, ma foi, est la meilleure. Elle n'a pas d'égale.


10- Si l'on vous demandait de résumer votre personnalité en 3 mots ; que proposeriez vous ?

Rigoureux : je suis très rigoureux et exigeant avec moi-même.

Compétiteur  : je suis résolument fonceur, j'ai toujours soif de challenges, et rien ne semble m'en empêcher.

Sociable : mes amitiés sont non négociables. Elles sont sincères. J'aime me retrouver avec ma famille, mes amis. Je suis un Citizen of the World qui s'intègre facilement partout.


11- Qu'est ce que les educanautes devront retenir de votre passage à Manager du Mois  ?

Je voudrai me définir comme quelqu'un à qui la nature n'a pas forcément tout donné, mais qui à force de travail, d'auto motivation, a pu inverser le cours des choses en sa faveur. On peut être moyen et essayer de se propulser vers les sommets, de compétir sur des terrains qu'on pense réservés aux uns , comme on le dit à Abidjan. C'est ma vision des choses et je voudrai la partager avec tous vos lecteurs qui pensent que le non emploi, le chômage sont une fatalité.

“There is no night so long that it never gives birth to a new daylight. Where there is a will, there is a way” . Ces phrases fortes étaient inscrites partout dans ma chambre d'Etudiant à l'Université de Cocody et me poussaient à bosser dur, tout en croyant en des lendemains radieux.

Cela dit, je ne suis pas un self-made man . J'ai pu bénéficier du soutien de mes parents, mes proches, mes amis pour atteindre certains de mes objectifs. Je ne suis qu'à 10% du chemin à parcourir.


12- Pour terminer, que pensez-vous d'EDUCARRIERE ?

J'ai commencé cette interview par un hommage à Educarriere. Je vous réitère cet hommage et vous encourage vivement à poursuivre cette œuvre noble. La situation de crise dont notre pays essaie de sortir a davantage accentué le problème du chômage et du non emploi, plongeant ainsi des dizaines de milliers de Diplômés dans le désespoir. Educarriere essaie d'apporter un rayon de soleil dans la vie de toutes ces personnes. Je souhaite à votre site une notoriété qui dépasse les frontières africaines.


Vos mails à michel_gohi@bat.com

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Entretien réalisé par jj.gossan@educarriere.net