"Financement des PMEs, levier de croissance économique."

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  • Date: mar. 0
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Voilà le thème des deux jours de réflexion de l'Association des professionnelles de banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI) à travers ses journées du banquier.

   

L'hypothèse de cette réflexion semble être que le financement des PMEs est un/le levier de la croissance économique. Si tel doit être le cas, que faut-il faire pour améliorer l'accessibilité des PMEs aux financements bancaires?

La réponse à cette question commande une analyse rigoureuse du positionnement et du mode de fonctionnement des deux parties prenantes à ce problème.


    1.    Les banques et établissement assimilés;

    2.    Les Petites et Moyennes Entreprises (PME).

Il est vrai que cette cartographie peut paraître restrictive en ceci qu'elle ignore l'Etat, « l'impulseur » des politiques. Mais elle peut nous permettre de comprendre la situation.

Il ne s'agit pas là de décortiquer méthodiquement ces deux parties prenantes. Mais de regarder leurs interactions et leurs contraintes.

 

Pour les Banques, l'observation et le respect strict des normes prudentielles constituent un devoir presque sacré. Ces normes édictent les règles minimales sectorielles régissant à la fois son organisation et son fonctionnement interne de même qu'elles établissent les standards de ses relations avec sa clientèle dont les PMEs bien évidemment. Ainsi, cette obligation de se soumettre à ces règles de prudence prescrites par Bâle I et II et les règlements de la commission de l'UEMOA contraignent les établissements de crédit de la sous-région ouest-africaine dont la Côte d'Ivoire en tant que tête de fil (plus de 40% des banques de l'UEMOA seraient en Côte d'Ivoire) à plus de prudence dans leur volonté de financer l'économie.

 

Le constat est plus qu'alarmant. Le taux d'encours de crédits des banques et établissements financiers est faible. Il se situerait en moyenne à 16, 1% au troisième trimestre 2012 selon le rapport de Décembre 2012 de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest sur la politique monétaire dans l'UEMOA. Et les banques se retrouvent très souvent en surliquidité. Elles ne vendent plus leur argent à l'économie réelle. Pourquoi ? Pas seulement en raison des règles prudentielles citées plus haut.

Il est connu de tous ce que l'on a très tôt appelé l'asymétrie d'information. Elle découle d'une théorie économique selon laquelle les dirigeants d'une entreprise ont des informations que les autres parties prenantes (ici les banques) n'auraient pas. Un problème de confiance. Une crise de confiance à l'horizon. Passons…

 

Voilà en outre ce que constate un rapport de l'OCDE (Kauffman, 2005) : « Les PME en Afrique (également en Côte d'Ivoire) souffrent d'un accès au financement limité qui contraint leur émergence et leur développement ultérieur. L'autofinancement et les associations informelles d'épargne et de crédit – les tontines – restent leurs sources de financement principales. Ces mécanismes sont cependant peu fiables, peu prévisibles et limités dans leur rôle de mutualisation du risque en raison de leur concentration régionale ou sectorielle. L'accès aux financements formels reste quant à lui médiocre, en raison du risque de défaut important associé aux PME et de l'insuffisance des instruments financiers existants…… Une approche en quatre volets dont le renforcement des capacités managériales des PME peut contribuer à leurs accès au financement ». 

 

Au regard de cette analyse, qui nous paraît proche de la réalité, les PMEs sont en partie responsables de leur déficit de financement. Des problèmes cruciaux et réels de gouvernance se posent. Il n'est pas rare de rencontrer des entreprises de ce régime juridico-fiscal dans des méthodes moyenâgeuses de gestion de leurs ressources. Le Gérant, et peut-être l'associé unique, confond le patrimoine de l'entreprise au sien. Des désorganisations structurelles perceptibles çà et là. Or, non seulement, les banques à travers leurs organisations sont capables de déceler les insuffisances du management de ces entreprises, mais elles ont progressivement considéré, sans forcément l'écrire, que la gouvernance d'une entreprise serait une condition d'octroi de financement. En conséquence deux situations se déclinent. Primo, pas de financement octroyé; deuxio, accorder le financement mais à court voir très court terme (adosser à des garanties à couper le souffle) pour minimiser le risque.


Dans cette grisaille, même si une étude de la Direction Générale des Impôts estime à 95% le nombre de PMEs dans l'assiette des contribuables, où les mettrons-nous ?
 
L'on pourrait dire que nous nous retrouvons dans cette énigme de la poule et de l'œuf. Qui est le plus grand ? Peut-être faudrait-il commencer à bien administrer nos entreprises pour prétendre accéder aux financements bancaires ?
 Dans ce cas de figure, les PMEs pourraient devenir le levier de la croissance économique et même de "émergence" de nos pays.

 

OUATTARA Navaga

Président du Réseau d'Appui aux Jeunes Entreprises pour la Solidarité

Expert-Consultant pour les PME

Ouattara.navaga@yahoo.fr