Développement Durable et Responsabilité Sociale des entreprises

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  • Date: mar. 0
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Développement Durable et Responsabilité Sociale des entreprises

La responsabilité sociale des entreprises (RSE), en tant que déclinaison du concept de développement durable pour les entreprises a fortement progressé à travers le monde. Elle est sur le devant de la scène et ne peut plus être ignorée des processus décisionnels, du niveau local au niveau planétaire, à travers un dialogue avec les parties prenantes de l'entreprise (actionnaires, salariés, clients, pouvoirs publics, société civile, génération future…) et en élargissant leurs préoccupations aux domaines social et environnemental, dans une logique de développement durable. Quels en sont les enjeux ? Comment évolue aujourd'hui la RSE ? Quels en sont les bénéfices ?

 

Enjeux globaux

 

  • L'explosion démographique et une croissance économique exceptionnelle : L'explosion démographique d'une part et une croissance économique exceptionnelle d'autre part ont conduit à l'émergence des premières réflexions sur le développement durable.
  • Les limites de notre modèle économique : Le modèle économique adopté par nos pays occidentaux depuis le début de l'ère industrielle présente des caractéristiques qui posent la question de son efficacité, mais également de sa durabilité.
  • Les enjeux sociaux : Une part importante de l'Humanité connaît des difficultés d'accès aux biens essentiels
  • Les enjeux environnementaux : Réchauffement climatique, Dégradation de la biodiversité et des écosystèmes, Épuisement des ressources…

 

Les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans une amélioration pérenne de la situation.

La définition officielle du développement durable est issue du rapport Brundtland « Notre avenir à tous», remis à l'ONU en 1987 par une commission pilotée par Gro Harlem Brundtland (député européen et ex-Premier ministre de la Norvège). Il définit le développement durable comme un développement « qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs ».

 

Le développement durable repose sur un certain nombre de principes:

  • précaution, prévention et anticipation ° (même en l'absence de certitude scientifique) ;
  • solidarité (sociale, géographique et générationnelle) ;
  • éthique et bonne gouvernance (transparence par exemple) ;
  • dialogue (avec l'ensemble des « parties prenantes »3) ;
  • responsabilité (pollueur/payeur par exemple).

 

Le développement durable est une alternative au modèle de développement actuel dont on mesure aujourd'hui les excès économiques, environnementaux et sociaux/sociétaux.

 

Les entreprises contribuent au développement durable en poursuivant un triple résultat ou triple performance «triple bottom line »: Profit, Planet and People.

  • Profit pour dimension économique : recherche de l'efficacité des dirigeants et de la rentabilité pour l'actionnaire ;
  • People pour la dimension sociale : prise en compte des intérêts des acteurs concernés ;
  • Planet pour la dimension environnementale : préservation ou protection des écosystèmes et de la biodiversité (climat, territoires, populations humaines, faune, flore…).

Il s'agit de permettre le développement sans compromettre les équilibres économiques, écologiques et sociaux. L'« équation » correspondante privilégie un modèle de développement « viable », « vivable » et « équitable ».

 

Cette triple performance dépend alors des modes de gouvernance de l'entreprise à travers :

  • Son système de décision stratégique et de management
  • La prise en compte des intérêts des parties prenantes intéressées par les effets directs ou indirects de ses activités et de ses décisions de gestion.

 

LES PARTIES PRENANTES DE L'ENTREPRISE

 

 

Le développement durable est porteur d'une nouvelle vision du monde qui se décline à tous les niveaux.

  • Au niveau économique, il se manifeste par une prise en compte de la rareté des ressources naturelles, des interactions entre l'environnement, le social et la performance économique, c'est-à-dire par l'acceptation d'un nouveau modèle économique.
  • Sur le plan politique, il suppose l'intégration des critères environnementaux et sociaux dans les prises de décisions politiques (qu'elles soient internationales, nationales ou locales), par la capacité à confronter enjeux locaux et globaux.
  • Dans nos modes d'achat et de consommation, il préconise la prise en compte des critères environnementaux et sociaux dans nos choix et se traduit par une redéfinition de nos besoins au regard de nos désirs et par une réflexion sur la valeur ajoutée réelle de certains nouveaux produits ou services. Il ne s'agit pas seulement de « consommer moins », mais de « consommer différemment ».
  • Les modes de production devraient se manifester par la mesure et le pilotage de l'impact social et environnemental des produits ou des services tout au long de leur cycle de vie (« du berceau à la tombe »), ce qui permet une optimisation complète à chaque étape. Cette approche, dénommée « éco-conception », est source d'innovation et d'économie.
  • Pour la prise de décision, il suppose l'intégration du long terme, des avis des parties prenantes, dans un souci de responsabilité et d'interdépendance des décisions.
  • Enfin d'un point de vue culturel et sociétal, il annonce l'élargissement de notre vision du monde en incluant les « générations futures », en considérant davantage les ressources utilisées dans notre vie quotidienne, la valorisation et la redécouverte du local et une évolution de notre rapport à l'« avoir » ou à la « richesse ».

 

Il en est de la responsabilité de chacun de faire appliquer ce concept de développement durable, il en va de la survie de l'humanité : société civile, citoyens, gouvernements, et entreprises.

 

De continuelles pressions de la société civile ou des actionnaires demandent plus de transparence et de nouvelles lois et réglementations, systèmes de management Internationaux, initiatives privées, démarches sectorielles, référentiels produits… nationaux et supranationaux ont émergé ainsi que les exigences du marché. Ces nouveaux risques incitent les entreprises éclairées à se préoccuper davantage de la gestion du capital immatériel de l'entreprise: sa réputation et son capital humain.

 

Malgré les coûts, les raisons de faire de la RSE sont multiples :

 

1. Parce c'est obligatoire: l'entreprise n'a pas le choix

  • En France, la loi impose désormais à certaine société de publier des informations sociales, environnementales et sociétales dans leur rapport de gestion et de les faire vérifier par un organisme tiers indépendant.
  • Par ce que cela figure dans le contrat avec le donneur d'ordre (clauses obligatoire de plus en plus présentes pour les fournisseurs et sous-traitants des multinationales, obligations pour contrats avec bailleurs internationaux…)

 

2. Parce qu'il y a une pression : l'entreprise est poussée à changer ses pratiques

  • Par ses clients / les consommateurs, par les agences de notation extra-financière
  • Par des syndicats, des ONG

 

3. Parce qu'il est risqué de ne rien faire : l'entreprise se « lance » en RSE

  • Pour se différencier de la concurrence ou ne pas prendre du retard
  • Pour éviter les risques d'image, judiciaires, financiers

 

4. Parce que c'est un investissement qui peut rapporter

 

5. Parce que ses dirigeants ou son encadrement y croit

De plus en plus, les entreprises saisissent que l'adoption d'une approche efficace en matière de RSE peut diminuer les risques de perturbation de leurs activités, offrir de nouveaux débouchés et améliorer la réputation de l'entreprise et de ses marques.

 

La responsabilité sociétale est une démarche de progrès qui s'inscrit dans une recherche de performance globale de l'organisation. Elle pousse à remettre en question les pratiques des organisations qui s'y engagent (alignement sur les demandes des consommateurs, gains de réputation, accroissement de la productivité par réduction des gaspillages, attractivité à l'égard des meilleurs talents, attractivité pour de futurs embauchés, culture renforcée de l'innovation, meilleure gestion des risques, qualité du dialogue social, rapport de l'organisation avec son territoire, amélioration des relations avec les entreprises, les fournisseurs, les pairs, la communauté au sein de laquelle elle intervient, productivité…) et incite à travailler différemment.

 

Mondialisation, désengagement progressif des Etats, montée en puissance de la société civile, exclusion et pauvreté, problèmes environnementaux... Ces phénomènes majeurs soulèvent la question de la redéfinition des rapports entre l'entreprise et la société, entre la logique de marché et les attentes moralisatrices de la société civile.

 

Ni modèle unique, ni « clé en main », la RSE reste une démarche volontaire. Certains la décrivent comme une caisse à outils, à chacun de piocher. Les bénéfices sont diverses selon la stratégie mise en œuvre. La RSE a un coût, toutefois, selon un sondage publié en 2008 par le journal canadien « Economist Intelligence Unit » mené auprès de 1200 dirigeants d'entreprise dans le monde, les 6 principaux avantages mentionnés sont :

  • la capacité d'attirer des nouveaux clients,
  • une plus grande valeur pour les actionnaires,
  • une rentabilité accrue,
  • la capacité à gérer les risques,
  • des produits et des processus de meilleure qualité et,
  • la capacité à recruter des employés de premier choix. 

-> Une démarche RSE a donc pour but de limiter ses risques, d'améliorer sa réputation, d'anticiper les contraintes futures et de saisir des opportunités en faisant les bons choix de positionnement stratégique.

 

Par Ningou Francis, Consultant formateur en RSE/Développement Durable : francisyedan@yahoo.fr