Réussir sa création d'entreprise pas à pas

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  • Date: mar. 0
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Pour devenir son propre patron, il est nécessaire de mettre en place une stratégie méthodique.

Votre emploi actuel vous ennuie ? Vous rêvez de ne plus avoir de comptes à rendre à un supérieur hiérarchique? Vous pensez avoir trouvé un concept novateur ? Alors n'hésitez plus. Libérez l'entrepreneur qui sommeille en vous.

Mais ne vous lancez pas dans l'aventure de la création d'entreprise la fleur au fusil. Votre projet doit être mûrement réfléchi sous peine de connaître la faillite. Certaines étapes sont nécessaires pour limiter les risques. Elles vous demanderont beaucoup de temps et un peu d'argent mais s'avèreront un réel investissement sur le long terme. Etude de marchéplan de trésoreriebusiness plan , recherche du bon statut, enregistrement de la société auprès du registre du commerce et des sociétés… Rien n'est à négliger.

 

Trouver la bonne idée

Pour créer une entreprise, la première étape est de trouver une idée originale qui permettra de vous démarquer de la concurrence. C'est un point de départ à ne pas négliger. Une entreprise fondée sur une idée qui n'a pas fait ses preuves est souvent vouée à l'échec. 
Selon Isaure Nivard-Pierson, directrice associée de Capfi, entreprise spécialisée dans l'accompagnement de projets de création d'entreprise, "la bonne idée peut naître suite à une expérience personnelle. Mais le plus souvent, il s'agit d'un véritable travail. Je conseille d'observer, de conduire une veille internationale grâce à des voyages in situ, des sites spécialisés mais aussi des sites généralistes. Vous voulez créer un commerce ? Regardez bien ce qui se fait dans le secteur, que ce soit dans votre région ou dans le monde".

Tester son concept

Comment s'assurer que votre idée fonctionne ? En la testant tout simplement. Plusieurs solutions s'offrent à vous. Sylvain Heinry, fondateur de BP Accelerator, une société active dans l'aide au financement de projets apporte le conseil suivant : "Le plus important est de tester son projet et ses idées avec des entrepreneurs qui peuvent vous aider à trouver des contacts et à améliorer votre projet initial. En plus, ça ne coûte rien".
Les personnes disposant d'un petit pécule peuvent également investir dans une étude de marché qualitative ou quantitative. "Cette stratégie peut valoir le coup", estime Isaure Nivard-Pierson. "Cela permet d'être certain qu'il y'a une place pour votre projet. C'est une solution qui permet d'éviter de se fourvoyer dès le début", poursuit la spécialiste.

Etablir le bon chiffrage

"Commencer à chiffrer le coût de lancement de sa société est un passage obligatoire", affirme Gaétan Mathey qui a créé en 2008 Matelli, une entreprise qui conçoit des applications web et mobile sur mesure. "C'est un travail de fond. L'idée est d'établir un plan de trésorerie qui prévoit toutes les charges à court et moyen terme.
Tout doit être pris en compte : le coût du loyer, la connexion Internet, les frais bancaires, les matières premières, les premiers recrutements. Mais attention, il est indispensable de limiter les risques financiers. L'entrepreneur en herbe ne doit en aucun cas avoir les yeux plus gros que le ventre". Isaure Nivard-Pierson souligne elle aussi l'importance de cette étape : "C'est le plan de trésorerie qui permet par la suite d'avoir accès à des capitaux".

Opter pour le bon statut

Pour Isaure Nivard-Pierson, le choix du statut est hautement stratégique. "C'est lui qui conditionnera votre recrutement, votre imposition et votre développement futur". Pour limiter le risque d'échec, elle conseille de se faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable.
Un avis qui n'est pas forcément celui de Gaétan Mathey."Faire appel à une aide externe coûte entre 1 500 et 2 000 euros. Cela peut être intéressant pour créer une SARL, une SA ou une SAS ou pour savoir quel statut adopter. Mais pour certains statuts comme une EURL, lorsque l'on est sûr de soi, il suffit de bien se documenter, d'apprendre à rédiger des statuts ou des pactes d'actionnaires grâce à des modèles que l'on peut trouver sur Internet".

Choisir ses locaux

Quel que soit son statut, l'entreprise est une personne morale qui doit disposer d'un siège social. Pour une activité de conseil, d'artisanat, pour une auto-entreprise, il est possible d'installer dans un premier temps son siège social à domicile. Le succès pourra ensuite vous inciter à grandir ailleurs. Mais dans un premier temps, n'ayez pas la folie des grandeurs. 
Si vous souhaitez vous lancer dans une activité commerciale, le choix est stratégique. La situation idéale ? Un loyer peu onéreux, une clientèle potentielle importante et une faible concurrence. Si vous optez pour une activité de production vous devez penser à la proximité d'un axe routier pour accueillir les fournisseurs et exporter votre marchandise. 

Enregistrer sa société

Une fois le statut trouvé, il est indispensable d'enregistrer votre société au registre du commerce et des sociétés (RCS).

Réussir son business plan

Véritable "book" qui permet de retracer de A à Z le projet de votre entreprise, le business plan constitue la pierre angulaire de votre projet. Sylvain Heinry est catégorique : "Le secret d'un business plan réussi, c'est d'avoir conscience qu'il y a deux business plan, un littéraire et un scientifique".
"Le business plan scientifique est classique. Il doit comporter des éléments chiffrés comme la projection des ventes, la répartition des revenus, le résultat prévisionnel… C'est utile mais très technique. Je recommande de rédiger en parallèle un business plan littéraire d'une trentaine de pages qui met en avant vos forces, votre équipe, vos atouts compétitifs. L'idée, c'est de convaincre les banques en leur disant : voilà les forces que vous allez permettre de développer", complète l'entrepreneur.

Trouver des financements

Gaétan Mathey fait partie d'une rare catégorie : les entrepreneurs qui ne sont pas passés par la case emprunt. "Mon cas est particulier car quand j'ai créé Matelli en 2008, j'avais un euro de capital social et un peu de fonds propres" reconnaît-il. Dans de nombreux cas, il est pourtant nécessaire de démarcher les banques.
"Pour réussir à convaincre un banquier, pas de miracles, le plan de trésorerie et le business plan doivent être convaincants", met en avant Sylvain Heinry. Cependant, pour Isaure Nivard-Pierson, le recours aux banques n'est pas la seule solution : "Rien ne vous empêche de faire un tour de table auprès de vos proches, de demander des prêts d'honneur. Les personnes qui se lancent dans le digital peuvent aussi démarcher des business-angel".

Demander des aides publiques ou collectives

Pour stimuler l'innovation et la création d'entreprises, il existe de nombreux dispositifs d'aides publiques. "Le challenge n'est pas de trouver les aides, mais de faire le choix entre les nombreuses possibilités trop souvent méconnues", déclare Sylvain Heinry. "La banque publique d'investissement BPI fournit des crédits impôt export (CIR), des crédits impôts innovation (CII) ou des avances remboursables. Les régions peuvent aussi vous aider. Par exemple l'Ile de France a créé PM'up, un dispositif qui peut aller jusqu'à des subventions de 250 000 euros", continue-il.
L'entrepreneur conseille également de ne pas négliger le crowfunding pour se faire aider : "Des sites comme KissKissBankBank peuvent véritablement vous aider à vous lancer".

Protéger son idée

"Il existe une situation horrible pour un entrepreneur. Trouver une super idée reprise par un concurrent car le concept n'était pas protégé", déplore Sylvain Heinry. Sa solution ?
"Avant de vous lancer, foncez à l'institut national de la propriété intellectuelle (INPI) pour protéger deux choses : ce qui a trait à votre logo ou votre marque et votre produit ou service.
Rien de tel que de déposer un brevet d'invention. Vous pourrez gagner tous les procès contre des tiers qui reprennent votre idée sans votre autorisation. Cela peut paraître anodin, mais si votre concept cartonne, vous ne regretterez pas votre choix. La validation officielle peut prendre entre 15 et 18 mois, mais à partir du moment où votre démarche est entamée, votre idée est protégée", poursuit l'entrepreneur.

Etre présent sur Internet

Quel que soit le secteur dans lequel vous vous lancez, vous devez faire en sorte d'être présent sur Internet pour augmenter votre notoriété. "Etre présent sur Internet, ce n'est pas se contenter de montrer votre offre et de donner votre adresse grâce à un site vitrine. Il faut aller plus loin", estime Gaétan Mathey.
"Il est nécessaire d'apporter une réelle plus-value au client potentiel. Je conseille de créer du contenu sur un blog qui permet d'être référent dans un domaine déterminé. Cette stratégie nommée brand content, vous fera gagner de la visibilité et augmentera votre référencement naturel. Mon astuce est de créer du contenu qui soit mis en ligne en même temps que le lancement du produit ou du service", continue-il. 

Gérer le lancement du produit ou du service

Le lancement du projet est en quelque sorte l'heure de vérité. C'est à ce moment que l'entrepreneur se rend compte de la pertinence de son projet. Il ne faut pas se le cacher, le risque d'échec est loin d'être négligeable.
Pour se préparer au mieux, Sylvain Heinry apporte l'astuce suivante : "Il est nécessaire de faire ce qui dans le jargon se nomme un proof up concept, c’est-à-dire un lancement parcimonieux. Concrètement si vous commercialisez un produit, commandez une petite série. Si vous vendez une appli, faites une commercialisation en betâ privée. Si les retours sont positifs, vous pourrez sans souci commencer à industrialiser la production".

Se lancer progressivement

Nombreuses sont les personnes qui rêvent de plaquer leur travail pour devenir leur propre patron. Le changement de vie qu'est l'entreprenariat doit s'effectuer de manière progressive.
"Même si un aspirant entrepreneur a respecté scrupuleusement les points que nous avons évoqués, je ne lui conseille pas forcément de se couper de son passé et de se lancer à corps perdu", souligne Isaure Nivard-Pierson. "Il est possible de mener de front un emploi et le lancement d'une entreprise. Regardez tout de même dans votre contrat de travail pour voir s'il existe une clause de non concurrence.
Sachez aussi que la loi vous autorise à prendre un congé pour création d'entreprise. De plus, il est recommandé de garder contact avec ses collègues pour ne pas s'isoler et avoir de la hauteur de vue", reprend-elle.

 



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