"En temps de crise, 
les leaders doivent agir en entrepreneurs"

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  • Date: mar. 0
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"Audace et esprit de conquête sont plus que jamais des qualités cruciales pour diriger", martèle Dominique Virchaux, DG de Korn Ferry.

Management : Quelles compétences
attend-on d'un leader en période de turbulences ?
Dominique Virchaux :
A la différence de celles de 2001 et de 2008, la crise que nous allons traverser est profonde, structurelle, et va toucher tous les pays développés. Les patrons ont aujourd'hui l'impression de ne pas disposer de toutes les données pour agir. Ce sentiment fait apparaître chez eux des difficultés à anticiper et à se décider lorsqu'il s'agit de lancer de nouveaux produits ou de conquérir de nouveaux marchés. Dans le cas de l'Europe, cet attentisme peut se révéler dévastateur. Pour l'éviter, un dirigeant a plus que jamais l'obligation de définir un cap et d'anticiper sans regarder en arrière. Il va falloir qu'il resserre sa garde rapprochée pour décider plus vite. Enfin, et c'est plus important maintenant, il va devoir augmenter ses investissements à l'international, s'ouvrir à la diversité culturelle et ne pas craindre de bousculer les stéréotypes.

Management : Quelles priorités un
leader audacieux doit-il se fixer ?
Dominique Virchaux : Les résultats et la rentabilité. Dans cette optique, il doit penser développement plutôt que réduction des coûts. Il lui faut créer du chiffre d'affaires et de l'emploi. Le côté entrepreneur du patron devient fondamental. Xavier Niel, le fondateur de Free, incarne ce type de leader. Il n'hésite pas à jouer la rupture, à investir dans différents secteurs et à privilégier le développement. Cette vision ne sera effective que si elle est partagée avec l'ensemble des collaborateurs. En période de crise, un leader doit être un excellent communicant. A la manière d'un Steve Jobs, il porte sa marque, son entreprise, fait le show pour affirmer sa stratégie. Enfin, il ose aussi des combinaisons nouvelles, des alliances, des partenariats avec d'autres entreprises. A l'image de
Jacques-Antoine Granjon, le fondateur de Vente-privee.com, qui, avant de débarquer outre-Atlantique, a créé une coentreprise avec American Express.

Management : Comment jugez-vous les leaders français à l'aune de ce portrait ?
Dominique Virchaux : Les managers français ont une forte tendance à l'autocritique : ils sont rarement satisfaits. Mais ils peuvent s'adapter rapidement. Un atout dans un environnement changeant et compliqué. Il suffit de voir le rayonnement de nos entreprises dans le monde pour apprécier leur capacité à traverser les tempêtes. Par ailleurs, la crise va être l'occasion de découvrir de nouveaux patrons. Des individus qui ne se contentent plus d'être des gestionnaires ou des exécutants de stratégies dictées par la finance. A moins qu'il ne dirige le «Titanic», un leader qui fait preuve d'audace obtient le soutien de ses actionnaires.

Propos recueillis par Rita Mazzoli

Source: Capital.fr